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Appel à propositions / Recherche
Du 28 septembre 2021 au 31 décembre 2021
Appel à contributions pour le n° 50 de la revue ILCEA.
Dans le contexte contemporain de migrations de populations, alors que des millions de personnes quittent leur terre natale à cause de guerres ou pour des motifs économiques, religieux, politiques ou de changement climatique, ce numéro 50 de la revue ILCEA a pour but d’éclairer les pratiques et les représentations de l’hospitalité à l’époque contemporaine.
D’un point de vue étymologique, le mot « hospitalité » partage la même racine que le mot « hôte » qui renvoie aussi bien à la personne accueillante qu’à la personne accueillie. Il convient donc d’étudier cet effet de réciprocité sémantique à la lumière des pratiques, perceptions et représentations qui sont faites de l’hospitalité, que ce soit comme hôte invité ou comme hôte qui reçoit. Dans de nombreuses langues, le mot « hospitalité », comme le mot « hôte » partagent une origine commune avec le mot « hostilité ». Il est donc nécessaire de réfléchir à cette parenté, l’hostilité apparaissant comme l’ombre inséparable de l’hospitalité.
Dans L’Odyssée d’Homère et chez les philosophes de l’Antiquité, ainsi que dans les textes de la Bible, l’hospitalité comme accueil inconditionnel de l’autre chez soi, est présentée comme une pratique presque sacrée. Hannah Arendt, quant à elle, affirme dans Les Origines du totalitarisme et Nous autres réfugiés que toute personne sur terre, quelle que soit son statut légal, doit pouvoir légitimement être accueillie par la communauté politique dans laquelle elle se trouve. Cependant, Jacques Derrida indique avec le concept « d’hostipitalité » que « l’hospitalité » comprise de manière inconditionnelle est toujours parasitée par son contraire, « l’ hostilité » (Derrida, 1997). Pour Derrida, l’hospitalité a ses origines à la frontière, au lieu du contact imprévu avec l’autre, l’étranger. Elle renvoie à la capacité à s’ouvrir et à faire de la place à ce qui advient, à ce qui, littéralement, a lieu. Mais la pensée de Derrida s’articule autour du désir paradoxal d’une hospitalité inconditionnelle et de son impossibilité même. Il pose donc la question du retournement de l’hospitalité inconditionnelle en hostilité et interroge la figure de l’hôte parasite (De l’hospitalité). L’équilibre entre ces deux aspects indissociables de la notion d’hospitalité, l’ouverture et la fermeture, dépend de circonstances particulières sur lesquelles il est nécessaire de se pencher pour comprendre la relation entre les hôtes et ce qui se joue à la frontière de ces relations. De la même manière, la durée du séjour varie d’une culture à une autre et est un enjeu majeur dans le glissement de l’hospitalité à l’hostilité. Comme Mette Louise Berg et Elena Fiddian-Qasmiyeh le montrent, les mots de Jean-Luc Nancy sur « l’être ensemble » et l’« être avec » dégagent peut-être des perspectives d’hospitalité plus constructives (Migration and Society, 2018, 4).
Il faut envisager l’hospitalité à plusieurs échelles : celle de l’individu, celle de la famille, de communautés locales, de communautés religieuses, ethniques ou linguistiques ; à l’échelle d’une diaspora spécifique et à l’échelle d’une nation. Un des objectifs de ce numéro 50 de la revue ILCEA est d’étudier la manière dont la littérature tisse ces deux notions. Comment toutes les subtilités de la relation entre hôtes sont-elles représentées : les seuils, paliers, frontières ou limites une fois franchis sont-ils des refuges ou bien sont-ils invisibles ? Se transforment-ils en barrières infranchissables ? Quels sont le rôle et le statut des communautés dans le contexte de l’hospitalité et de l’installation ? Ce numéro 50 de la revue ILCEA a également pour but de réfléchir à la manière dont la littérature peut être vecteur de changement social en ouvrant de nouveaux espaces de création et d’échanges.
Dans le prolongement du colloque « Hospitalités, Hostilités : Récits et Représentations » (ILCEA4/IDEX HOMES) qui a eu lieu en novembre 2020 à l’Université Grenoble Alpes, nous sollicitons des propositions de chapitres sur la littérature qui posent la question de l’hospitalité et de l’hostilité d’un point de vue esthétique, mais aussi éthique et politique, en particulier :
D’un point de vue étymologique, le mot « hospitalité » partage la même racine que le mot « hôte » qui renvoie aussi bien à la personne accueillante qu’à la personne accueillie. Il convient donc d’étudier cet effet de réciprocité sémantique à la lumière des pratiques, perceptions et représentations qui sont faites de l’hospitalité, que ce soit comme hôte invité ou comme hôte qui reçoit. Dans de nombreuses langues, le mot « hospitalité », comme le mot « hôte » partagent une origine commune avec le mot « hostilité ». Il est donc nécessaire de réfléchir à cette parenté, l’hostilité apparaissant comme l’ombre inséparable de l’hospitalité.
Dans L’Odyssée d’Homère et chez les philosophes de l’Antiquité, ainsi que dans les textes de la Bible, l’hospitalité comme accueil inconditionnel de l’autre chez soi, est présentée comme une pratique presque sacrée. Hannah Arendt, quant à elle, affirme dans Les Origines du totalitarisme et Nous autres réfugiés que toute personne sur terre, quelle que soit son statut légal, doit pouvoir légitimement être accueillie par la communauté politique dans laquelle elle se trouve. Cependant, Jacques Derrida indique avec le concept « d’hostipitalité » que « l’hospitalité » comprise de manière inconditionnelle est toujours parasitée par son contraire, « l’ hostilité » (Derrida, 1997). Pour Derrida, l’hospitalité a ses origines à la frontière, au lieu du contact imprévu avec l’autre, l’étranger. Elle renvoie à la capacité à s’ouvrir et à faire de la place à ce qui advient, à ce qui, littéralement, a lieu. Mais la pensée de Derrida s’articule autour du désir paradoxal d’une hospitalité inconditionnelle et de son impossibilité même. Il pose donc la question du retournement de l’hospitalité inconditionnelle en hostilité et interroge la figure de l’hôte parasite (De l’hospitalité). L’équilibre entre ces deux aspects indissociables de la notion d’hospitalité, l’ouverture et la fermeture, dépend de circonstances particulières sur lesquelles il est nécessaire de se pencher pour comprendre la relation entre les hôtes et ce qui se joue à la frontière de ces relations. De la même manière, la durée du séjour varie d’une culture à une autre et est un enjeu majeur dans le glissement de l’hospitalité à l’hostilité. Comme Mette Louise Berg et Elena Fiddian-Qasmiyeh le montrent, les mots de Jean-Luc Nancy sur « l’être ensemble » et l’« être avec » dégagent peut-être des perspectives d’hospitalité plus constructives (Migration and Society, 2018, 4).
Il faut envisager l’hospitalité à plusieurs échelles : celle de l’individu, celle de la famille, de communautés locales, de communautés religieuses, ethniques ou linguistiques ; à l’échelle d’une diaspora spécifique et à l’échelle d’une nation. Un des objectifs de ce numéro 50 de la revue ILCEA est d’étudier la manière dont la littérature tisse ces deux notions. Comment toutes les subtilités de la relation entre hôtes sont-elles représentées : les seuils, paliers, frontières ou limites une fois franchis sont-ils des refuges ou bien sont-ils invisibles ? Se transforment-ils en barrières infranchissables ? Quels sont le rôle et le statut des communautés dans le contexte de l’hospitalité et de l’installation ? Ce numéro 50 de la revue ILCEA a également pour but de réfléchir à la manière dont la littérature peut être vecteur de changement social en ouvrant de nouveaux espaces de création et d’échanges.
Dans le prolongement du colloque « Hospitalités, Hostilités : Récits et Représentations » (ILCEA4/IDEX HOMES) qui a eu lieu en novembre 2020 à l’Université Grenoble Alpes, nous sollicitons des propositions de chapitres sur la littérature qui posent la question de l’hospitalité et de l’hostilité d’un point de vue esthétique, mais aussi éthique et politique, en particulier :
- concernant l’hospitalité offerte aux personnes déplacées (migrants, réfugiés, demandeurs d’asile) et les différentes formes d’hostilité.
- les questions de visibilité, d’invisibilité et/ou de silence imposé
Nous sollicitons également des chapitres qui permettent de théoriser les notions d’hospitalité et d’hostilité du point de vue des sciences sociales, de l’anthropologie, de la géographie et la philosophie. Cela suppose d’étudier la manière dont l’hospitalité est organisée dans le champ public et le champ privé pour accueillir les personnes qui demandent l’asile et les personnes réfugiées, en s’interrogeant sur les droits et devoirs des hôtes. La réciprocité inscrite dans le double sens du mot « hôte » incite à se poser la question non seulement de la responsabilité de chaque hôte, public ou privé, vis-à-vis de l’autre, accueilli ou accueillant, mais aussi comment, d’un point de vue personnel et individuel, l’ouverture ou la fermeture à l’autre entraîne par voie de conséquence une ouverture ou une fermeture intérieure. Quels sont les moyens concrets que chaque individu, communauté ou état consent à mettre en place pour construire une société sur la base de relations non violentes et pacifiées ?
Nous sollicitons aussi des chapitres dans le champ de la psychologie et des neurosciences mettant en relation empathie et hospitalité.
Enfin, l’idée d’une hospitalité inconditionnelle envers notre propre espèce englobe nécessairement des préoccupations écocritiques : comment se construire un chez-soi dans un contexte de réchauffement climatique qui menace des millions de personnes ? Comment les êtres humains peuvent-ils contribuer à rendre le monde plus hospitalier, si ce n’est en conférant à la relation dialogique d’hôte à hôte une dimension plus globale et plus écologique ?
Merci d’envoyer vos articles avant le 31 décembre 2021 à :
Marie Mianowski (marie.mianowskiuniv-grenoble-alpes.fr (marie[dot]mianowski[at]univ-grenoble-alpes[dot]fr))
Maëlle Jeanniard du Dot (maelle.jeanniard-du-dotuniv-rennes2.fr (maelle[dot]jeanniard-du-dot[at]univ-rennes2[dot]fr))
Nous sollicitons aussi des chapitres dans le champ de la psychologie et des neurosciences mettant en relation empathie et hospitalité.
Enfin, l’idée d’une hospitalité inconditionnelle envers notre propre espèce englobe nécessairement des préoccupations écocritiques : comment se construire un chez-soi dans un contexte de réchauffement climatique qui menace des millions de personnes ? Comment les êtres humains peuvent-ils contribuer à rendre le monde plus hospitalier, si ce n’est en conférant à la relation dialogique d’hôte à hôte une dimension plus globale et plus écologique ?
Merci d’envoyer vos articles avant le 31 décembre 2021 à :
Marie Mianowski (marie.mianowskiuniv-grenoble-alpes.fr (marie[dot]mianowski[at]univ-grenoble-alpes[dot]fr))
Maëlle Jeanniard du Dot (maelle.jeanniard-du-dotuniv-rennes2.fr (maelle[dot]jeanniard-du-dot[at]univ-rennes2[dot]fr))
Partenaires
Cette publication s’inscrit dans un cycle de séminaires organisés durant l’année universitaire 2019-20 à l’Université Grenoble Alpes dans le cadre du projet IDEX HOMES (HOsts Migrations Exchanging Stories) porté par Marie Mianowski. Le projet HOMES a bénéficié d'une aide de l'État gérée par l'Agence Nationale de la Recherche au titre du programme « Investissements d'avenir » portant la référence ANR-15-IDEX-02. Ce colloque a également obtenu le soutien de l’ILCEA4 (Univ. Grenoble Alpes) et du GIS EIRE.
Date
Du 28 septembre 2021 au 31 décembre 2021
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