Mondialisation et exclusions

Le système de production et d’échanges qui caractérise la mondialisation actuelle est dans l’impasse. Les processus de régulation, aussi bien économiques que politiques, s’avèrent impuissants à en surmonter les contradictions. Il devient impératif de réinventer un système global tourné vers un multilatéralisme effectif et des solidarités inédites, basées sur la coopération et l’élaboration de stratégies qui tournent le dos aux principes d’exclusion et aux égoïsmes nationaux.
 
Le but de cet ouvrage est de tenter de mieux cerner les enjeux du passage à ce nouveau mode d’accumulation à venir, à travers le croisement de regards venant de deux champs disciplinaires complémentaires, l’économie et la géopolitique. Il est nécessaire pour cela de remettre le contexte de crise actuel dans une perspective historique, avant de rechercher les contradictions inhérentes au système, de manière à pouvoir déterminer les conditions de mise en place d’un nouveau régime d’accumulation permettant de les surmonter. Connaître les dysfonctionnements du mode d’accumulation actuel doit permettre d’en éviter les contradictions.
 
Le premier chapitre propose une analyse économique du système de la globalisation économique et financière qui, depuis les années 80, se trouve en opposition totale au système d’accumulation qui le précède, le fordisme. Il précise les liens entre crise financière, crise sociale et crise productive au niveau mondial, et explicite les mécanismes qui placent l’exclusion comme un élément central inhérent au système.
 
Le deuxième chapitre en présente les principales conséquences : il montre combien les inégalités se sont creusées entre les pays et au sein des pays, qu’ils soient développés, émergents ou à faibles revenus. Il questionne le rôle spécifique des pays émergents – de la Chine en particulier – et s’interroge sur leur capacité à imposer un nouvel ordre économique mondial. Il s’attache enfin à rechercher les causes et les conséquences de ce renforcement des inégalités et établit le fait qu’il s’agit là d’un élément fondamental, au centre du fonctionnement du capitalisme actuel.
 
Le troisième chapitre analyse dans le cadre des relations internationales les évolutions entre la période de la globalisation et celle de la guerre froide. Il montre que l’affaiblissement et la perte de légitimité des anciennes puissances se sont traduits par leur incapacité à imposer un ordre international. Le monde actuel est apolaire et profondément instable.
 
Le dernier chapitre prolonge cette réflexion en établissant que les pays en émergence participent grandement à la déstabilisation de l’ordre ancien. Cette absence de stabilité a conduit à l’apparition de nouvelles guerres et particulièrement de conflits ethnicisés qui accentuent les déséquilibres de la planète, accroissent les inégalités et oblitèrent les perspectives de développement.
 
De ces constats sur les dysfonctionnements du système actuel peuvent alors émaner des propositions concrètes susceptibles de contribuer à l’édification d’un nouveau modèle dans ses dimensions économiques, politiques, sociales et environnementales et propres à relever le défi de la sécurité globale auquel nous sommes confrontés.