Soutenance de thèse en études anglophones de Maëlle Jeanniard Du Dot

Figures acclamées du roman transnational anglophone des années 2000, Mohsin Hamid et Hari Kunzru ont depuis développé une écriture résolument connectée au lieu et aux formes qu’il prend dans l’expérience contemporaine. La thèse propose de lire leur écriture comme une po/éthique, à la fois poétique et éthique, en ce sens qu’elle démontre une volonté de se confronter dans la fiction aux événements réels qui ont bouleversé les modes d’être au lieu dans le tournant du siècle – du 11-Septembre au Brexit, en passant par les questions migratoires et le changement climatique – tout en jouant sur les voix narratives, la métalepse et la superposition pour représenter l’ubiquité des lieux du contemporain. Ce faisant, ils questionnent en creux les catégories de nation ou d’origine auxquels les imaginaires du lieu, mais aussi les écrivains eux-mêmes, sont souvent réduits, et revisitent des voies tracées par des figures tutélaires du roman britannique, américain, tout comme du roman anglophone pakistanais et indien. Par leur recours à des ressorts dialogiques, ces récits semblent aussi constamment interpeller les lecteurs sur leurs propres rapports au lieu et sur la constitution de lieux communs. Ces lieux communs sont également littéraires lorsque les récits pratiquent des variations de genres, incluant parfois la fable, l’horreur ou plus souvent la fiction spéculative. Du Pakistan à Londres en passant par Berlin et le Désert des Mojaves californien, ces romans de la mondialisation offrent des perspectives pour une lecture située et attentive des multiples attachements qui se forment et reforment avec les lieux. L’analyse porte sur l’ensemble de l’œuvre de fiction des deux écrivains, accompagnée d’entretiens menés auprès de Hari Kunzru.