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Journée d'étude / Recherche
Le 16 octobre 2020
Saint-Martin-d'Hères - Domaine universitaire
La journée s’insère dans le projet « Réseau international Non Fiction. Vers une autre écriture du réel (International Non fiction novel network) ». Elle est organisée dans le cadre du CERHIS (Centre d’Études et Recherches des Hispanistes), avec le soutien du laboratoire ILCEA4, de la Commission recherche de l’UGA et du Festival Belles Latinas.
L’écriture non fictionnelle a été dans le sous-continent américain un trait majeur tout au long de son histoire. Lorsque le critique cubain Roberto Fernández Retamar se propose de bâtir un appareil critique et conceptuel propre à l’Amérique latine pour aborder sa création littéraire (Algunos problemas teóricos de la literatura hispanoamericana », 1975), il donne à ces écritures (chroniques, témoignages, journaux, etc.) un rôle majeur. Il souligne que des genres considérés comme secondaires dans le canon occidental, s’avèrent centraux en Amérique latine ; en guise d’exemple, il cite les œuvres de l’Inca Garcilaso de la Vega et d’autres Chroniqueurs des Indes, ainsi que des textes politiques (Bolívar), des essais et articles de presse de José Martí, des discours de Fidel Castro, des journaux de combattants comme celui du Che Guevara, etc. Dans la perspective de Retamar (et dans celle d’une partie de la critique des années 1960-70), la dimension politique et idéologique de ces textes est essentielle, voilà pourquoi il souligne la centralité dans le sous-continent du témoignage comme genre à part entière. Or, celui-ci connaît un essor formidable à cette même époque au point que Casa de las Américas lance son Prix « Témoignage » en 1970. Dans le Jury de cette première édition du Prix siégeait Rodolfo Walsh, un des grands pionniers de l’écriture de non fiction ; rappelons que son célèbre ouvrage, Operación masacre (1957), est considéré à juste titre comme le texte pionnier de ce genre, bien avant la publication de In cold blood (1966) de Truman Capote, souvent présenté comme le texte fondateur de la non fiction novel.
La liste d’œuvres latino-américaines des XXe et XXIe siècles pouvant rentrer dans cette catégorie de non fiction est longue : on pense à des auteurs comme Miguel Barnet (Biografía de un cimarrón, La canción de Raquel, Gallego…), Eduardo Galeano (Días y noches de amor y de guerra, Memoria del fuego…), Rigoberta Menchú (dans son témoignage en collaboration avec Elisabeth Burgos : Me llamo Rigoberta Menchú y así me nació la conciencia), Elena Poniatowska (Hasta no verte, Jesús mío, La noche de Tlatelolco…), Sergio Ramírez (Margarita, está linda la mar…, Adiós muchachos), Mario Vargas Llosa (La fiesta del Chivo, Tiempos recios, El sueño del Celta…), Gabriel García Márquez (Relato de un náufrago, La aventura de Miguel Littín, clandestino en Chile, Noticia de un secuestro…) et à bien d’autres. Pendant quelques décennies, ces écritures ont gardé un lien fort avec les « opprimés » : il s’agissait de donner la parole à ceux qui d’ordinaire ne l’avaient pas (les pauvres, les analphabètes, les exploités, les populations indigènes, etc.) ou de donner une diffusion plus grande à la parole et à la pensée révolutionnaires (aux nombreux témoignages sur la Révolution Cubaine on pourrait rajouter d’autres sur la révolution sandiniste au Nicaragua (Omar Cabezas), sur la guérilla salvadorienne, sur le Chiapas du Subcomandante Marcos, etc.).
Or, la chute de l’U.R.S.S. et les mutations géopolitiques des trente dernières années ont changé la donne. Le témoignage s’est en partie « dépolitisé » (ou politisé différemment) ; il a embrassé d’autres causes (celle des minorités sexuelles, celle des femmes, celle des afro-descendants…), a été confronté à des circonstances nouvelles (épidémies comme celle du SIDA ou plus récemment la COVID19), a donné une plus large part à l’expression de l’intime, mais n’a pas pour autant disparu. De nouvelles formes d’écriture et de diffusion des écrits (comme les blogs ou les carnets électroniques), un contexte différent (v.gr., l’éclosion de la question écologique et la présence dans la pensée critique de la notion d’anthropocène) sont apparues et ont entraîné ou donné naissance à de nouvelles écritures. La réalité, perçue souvent en instantanée (via les réseaux sociaux, les informations en ligne, avec le sentiment d’ubiquité que cela engendre), en constante mutation, engendre de nouvelles écritures, et plutôt que bannir le réel, l’écriture y a recours de façon différente.
Cette journée d’étude se propose d’explorer les toutes nouvelles voies de l’écriture de non-fiction. Pour ce faire, nous avons invité Lina Meruane (à la suite des contraintes liées à la COVID19, l’écrivaine sera avec nous en duplex depuis New York). Représentante du renouveau de la littérature chilienne, elle est également essayiste et Professeur de Culture latino-américaine à New York University (NYU). Elle est l’auteur de romans (Fruta podrida, Sangre en el ojo, Sistema nervioso), chroniques (Volverse Palestina), essais (Viajes virales: la crisis del contagio global en la escritura del sida ; Contra los hijos), et poèmes (Palestina, por ejemplo) qui jonglent toujours avec ces catégories de fiction et de non fiction.
Cette journée d’étude se propose d’approcher ces nouveaux écrivains, mais aussi d’autres auteurs confirmés (comme Mario Vargas Llosa) ainsi que d’autres formes comme le rap ou le cinéma, qui depuis ses origines se pose la question du réel, de la frontière entre fiction et documentaire. L’objectif est de poursuivre les réflexions historiques, critiques et épistémologiques autour de la non-fiction, objet qui reste à définir et à mieux caractériser : est-il un genre ? Une modalité d’écriture ? Peut-on distinguer différentes formes ou catégories de non-fiction ?
La liste d’œuvres latino-américaines des XXe et XXIe siècles pouvant rentrer dans cette catégorie de non fiction est longue : on pense à des auteurs comme Miguel Barnet (Biografía de un cimarrón, La canción de Raquel, Gallego…), Eduardo Galeano (Días y noches de amor y de guerra, Memoria del fuego…), Rigoberta Menchú (dans son témoignage en collaboration avec Elisabeth Burgos : Me llamo Rigoberta Menchú y así me nació la conciencia), Elena Poniatowska (Hasta no verte, Jesús mío, La noche de Tlatelolco…), Sergio Ramírez (Margarita, está linda la mar…, Adiós muchachos), Mario Vargas Llosa (La fiesta del Chivo, Tiempos recios, El sueño del Celta…), Gabriel García Márquez (Relato de un náufrago, La aventura de Miguel Littín, clandestino en Chile, Noticia de un secuestro…) et à bien d’autres. Pendant quelques décennies, ces écritures ont gardé un lien fort avec les « opprimés » : il s’agissait de donner la parole à ceux qui d’ordinaire ne l’avaient pas (les pauvres, les analphabètes, les exploités, les populations indigènes, etc.) ou de donner une diffusion plus grande à la parole et à la pensée révolutionnaires (aux nombreux témoignages sur la Révolution Cubaine on pourrait rajouter d’autres sur la révolution sandiniste au Nicaragua (Omar Cabezas), sur la guérilla salvadorienne, sur le Chiapas du Subcomandante Marcos, etc.).
Or, la chute de l’U.R.S.S. et les mutations géopolitiques des trente dernières années ont changé la donne. Le témoignage s’est en partie « dépolitisé » (ou politisé différemment) ; il a embrassé d’autres causes (celle des minorités sexuelles, celle des femmes, celle des afro-descendants…), a été confronté à des circonstances nouvelles (épidémies comme celle du SIDA ou plus récemment la COVID19), a donné une plus large part à l’expression de l’intime, mais n’a pas pour autant disparu. De nouvelles formes d’écriture et de diffusion des écrits (comme les blogs ou les carnets électroniques), un contexte différent (v.gr., l’éclosion de la question écologique et la présence dans la pensée critique de la notion d’anthropocène) sont apparues et ont entraîné ou donné naissance à de nouvelles écritures. La réalité, perçue souvent en instantanée (via les réseaux sociaux, les informations en ligne, avec le sentiment d’ubiquité que cela engendre), en constante mutation, engendre de nouvelles écritures, et plutôt que bannir le réel, l’écriture y a recours de façon différente.
Cette journée d’étude se propose d’explorer les toutes nouvelles voies de l’écriture de non-fiction. Pour ce faire, nous avons invité Lina Meruane (à la suite des contraintes liées à la COVID19, l’écrivaine sera avec nous en duplex depuis New York). Représentante du renouveau de la littérature chilienne, elle est également essayiste et Professeur de Culture latino-américaine à New York University (NYU). Elle est l’auteur de romans (Fruta podrida, Sangre en el ojo, Sistema nervioso), chroniques (Volverse Palestina), essais (Viajes virales: la crisis del contagio global en la escritura del sida ; Contra los hijos), et poèmes (Palestina, por ejemplo) qui jonglent toujours avec ces catégories de fiction et de non fiction.
Cette journée d’étude se propose d’approcher ces nouveaux écrivains, mais aussi d’autres auteurs confirmés (comme Mario Vargas Llosa) ainsi que d’autres formes comme le rap ou le cinéma, qui depuis ses origines se pose la question du réel, de la frontière entre fiction et documentaire. L’objectif est de poursuivre les réflexions historiques, critiques et épistémologiques autour de la non-fiction, objet qui reste à définir et à mieux caractériser : est-il un genre ? Une modalité d’écriture ? Peut-on distinguer différentes formes ou catégories de non-fiction ?
Partenaires
Date
Le 16 octobre 2020
Complément date
9h30 - 16h00
Localisation
Saint-Martin-d'Hères - Domaine universitaire
Complément lieu
Petite salle des colloques
Bâtiment Stendhal - G
4e étage
Bâtiment Stendhal - G
4e étage
Contact
Raul Caplan
raul.caplan [at] univ-grenoble-alpes.fr
Lieu
Petite salle des colloques
Bâtiment Stendhal - G
4e étage
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4e étage
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