Projet SEEDS

En effet les agriculteurs artistes se multiplient et s’exposent, plaçant au cœur de pratiques agricoles renouvelées l’activité artistique comme moteur et âme de leur travail et de leur vie. Les travaux des champs, l’exploitation de la tourbe ou bien la récolte du varech ont longtemps été des motifs picturaux et littéraires en Irlande. Mais l’urgence écologique incite aujourd’hui de nombreux artistes à approcher le paysage d’une manière décentrée et à développer des pratiques artistiques responsables et éthiques. Nous souhaitons documenter et contextualiser géographiquement et historiquement ces nouvelles pratiques agro-écologiques et artistiques en Irlande et nous interroger sur la transformation du statut de l’artiste ou écrivain quand il replace la culture dans les champs et dans le champ social.

Objectifs du projet

Notre objectif est double : mener un travail de recherche-action in situ en Irlande sous la forme d’entretiens avec les artistes dans leur milieu de vie et dans le contexte de l’adaptation au changement climatique pour prendre en compte l’évolution de leurs pratiques ; mettre en place des méthodologies propres à ce travail de recherche-action qui permettent la réutilisation de nos archives par d’autres utilisateurs, enseignants, chercheurs, étudiants, artistes, écrivains. Il s’agit pour nous de produire un nouveau type d’archives sonores, visuelles et corporelles en rapport étroit avec le paysage cultivé, le corps qui jardine et la création artistique. Dans notre domaine de recherche, il n’y a à l’heure actuelle pas de travaux en cours sur ce sujet alors que les artistes agriculteurs s’exposent de plus en plus (http://www.acw.ie/2022/02/a- growing-enquiry-art-agriculture-reconciling-values/). L’idée principale est de cartographier les initiatives agro-écologiques en Irlande et voir comment les pratiques agro-écologiques innovantes influent sur la création des artistes et écrivains agriculteurs, sur la manière dont leur rapport intime à un milieu sensible s’articule à leur inscription dans une histoire, des récits, des communautés locales ou transnationales. Nous prévoyons de déployer cette recherche-action de manière située, en Irlande, sous la forme d’entretiens et d’axer notre recherche dans cinq directions thématiques.

1. Entre taxinomie et imaginaire : une approche interdisciplinaire du végétal (botanistes et écrivains, poètes, artistes visuels).
2. Circulations : le végétal et le folklore : l’imaginaire végétal et l’identité locale ou nationale ; la question du patrimoine végétal constitué et revendiqué : histoire naturelle, peinture botanique, patrimonialisation du paysage et droits des plantes ; le végétal au prisme du colonialisme
3. Subsistance/résistance : à travers une approche temporelle et historicisée du végétal (ex. la famine) ; culture et agriculture ; collaborations d’artistes et scientifiques
4. Ontologie végétale : ‘The vegetal turn’ : plasticité et adaptabilité du végétal ; métaphores de la bouture, de la greffe, le végétal et l’éthique du care ;
5. Faire germer de nouveaux modèles : Agro-écologie, auto-production, reverdir la ville ; les community gardens : revitaliser les « commons » ; arts, littérature et activisme : « the transformative potentialities of art », expérimentations et transférabilité des solutions, correspondances décoloniales