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Séminaire / Recherche
Le 26 octobre 2018
Saint-Martin-d'Hères - Domaine universitaire
Cette séance du séminaire sur « le détail » porté par l'axe « Poésie – Poétique, Esthétique, Histoire des idées » du centre de recherche CEMRA/ILCEA4 de l'Université Grenoble Alpes sera animée par Anne-Florence Gillard-Estrada, Maître de Conférences à l'Université de Rouen-Normandie.
Entre signe et symptôme : le détail dans la peinture britannique de l’Antiquité (1860-1900)
La séance portera sur le détail dans les représentations du corps antique dans le vaste mouvement pictural situé entre « classicisme » et « esthétisme » qui touche la peinture de la seconde moitié du XIXe siècle en Grande-Bretagne.
Le passage du Préraphaélisme aux mouvements « classiques » et « esthétiques » qui s’opère au début des années 1860 implique en effet une approche différente du détail. Alors que le style préraphaélite faisait sien l’impératif ruskinien du rendu méticuleux et détaillé de la nature, un certain nombre de peintres de l’Antiquité, comme Leighton, Watts ou Burne-Jones, suivant en cela les théories de Hegel sur l’esthétique classique, se montrent sensibles aux principes académiques voulant que le détail soit délaissé au profit de l’épure. Or, le détail fait tout de même retour dans cette peinture, à la manière d’un refoulé qui viendrait tout particulièrement travailler les figurations du corps. Le détail vient alors troubler la lecture de l’œuvre malgré le discours idéalisant et esthétisant que déploient certains artistes et critiques d’art associés à cette peinture. Au-delà de la surface apparemment lisse de ces figures « grecques », quelque chose se laisse ainsi discerner, qui reflète des interrogations de type anthropologique sur le corps, les constructions de genre, le désir irreprésentable ou encore l’angoisse de la mort.
Texte de cadrage du séminaire :
La thématique retenue par le CEMRA pour le contrat quinquennal 2015-2020 est celle des « lieux de passage ». C’est sur la base de cette notion que l’axe « Poésie – Poétique, Esthétique, Histoire des idées » organise un séminaire sur la notion de « détail ». En effet, le détail est, par définition, ce sur quoi le regard passe sans y prêter vraiment attention, ce dont la conscience se désintéresse spontanément, ce qu'elle délaisse au profit du sens global, obvie, saisi de prime abord. Pourtant, si le détail peut être considéré comme l'insignifiant même, il peut aussi tenir un rôle central dans l'économie de l’œuvre poétique et picturale. De ce point de vue, ce « petit rien » devient, à bien y regarder, le point d'ancrage de la signifiance, l'espace faussement futile d'une émergence, la zone secrète de la sécrétion du sens où s'élabore une logique insistante donnant à l’œuvre toute sa densité. Ainsi le lièvre minuscule – presque imperceptible – détale-t-il devant la locomotive dévorante du célèbre tableau de Turner (Rain, Steam and Speed), alors que le faisan (cock-pheasant en anglais...) – dont une seule plume reste visible – s'absente mystérieusement des genoux de la castratrice Mrs Andrews dans la toile inachevée de Gainsborough (Mr and Mrs Andrews). Dans ces deux cas, loin d'être anecdotique, la valeur du détail est matricielle. De la même manière, et parmi de nombreux autres exemples, les chevilles enflées de Simon Lee – détail grossier mais extraordinairement grossi (voir les nombreuses répétitions) du poème éponyme de Wordsworth – délivrent l'essence même de l'esthétique du romantique, tandis que le vers ajouté par Tennyson à son sonnet « The Kraken » (vers lui-même excédentaire d'un pied) révèle la prégnance d'un désir indicible qui s'incarne dans la langue sous la forme d'une broutille métrico-linguistique. Abolis bibelots d'inanité sonore et visuelle (dira-t-on pour emprunter en l'adaptant sa belle formule à Mallarmé), ces détails informent ainsi les œuvres dont ils représentent peut-être la clé. Mettre au jour les implications historiques, esthétiques, philosophiques ou psychanalytiques des grandes œuvres poétiques et picturales du monde anglophone : telle sera l'ambition de ce séminaire au cours duquel, paradoxalement, l'insignifiant présidera à l'élaboration du sens.
Contact : sebastien.scarpauniv-grenoble-alpes.fr
Le séminaire est ouvert à tous.
La séance portera sur le détail dans les représentations du corps antique dans le vaste mouvement pictural situé entre « classicisme » et « esthétisme » qui touche la peinture de la seconde moitié du XIXe siècle en Grande-Bretagne.
Le passage du Préraphaélisme aux mouvements « classiques » et « esthétiques » qui s’opère au début des années 1860 implique en effet une approche différente du détail. Alors que le style préraphaélite faisait sien l’impératif ruskinien du rendu méticuleux et détaillé de la nature, un certain nombre de peintres de l’Antiquité, comme Leighton, Watts ou Burne-Jones, suivant en cela les théories de Hegel sur l’esthétique classique, se montrent sensibles aux principes académiques voulant que le détail soit délaissé au profit de l’épure. Or, le détail fait tout de même retour dans cette peinture, à la manière d’un refoulé qui viendrait tout particulièrement travailler les figurations du corps. Le détail vient alors troubler la lecture de l’œuvre malgré le discours idéalisant et esthétisant que déploient certains artistes et critiques d’art associés à cette peinture. Au-delà de la surface apparemment lisse de ces figures « grecques », quelque chose se laisse ainsi discerner, qui reflète des interrogations de type anthropologique sur le corps, les constructions de genre, le désir irreprésentable ou encore l’angoisse de la mort.
Texte de cadrage du séminaire :
La thématique retenue par le CEMRA pour le contrat quinquennal 2015-2020 est celle des « lieux de passage ». C’est sur la base de cette notion que l’axe « Poésie – Poétique, Esthétique, Histoire des idées » organise un séminaire sur la notion de « détail ». En effet, le détail est, par définition, ce sur quoi le regard passe sans y prêter vraiment attention, ce dont la conscience se désintéresse spontanément, ce qu'elle délaisse au profit du sens global, obvie, saisi de prime abord. Pourtant, si le détail peut être considéré comme l'insignifiant même, il peut aussi tenir un rôle central dans l'économie de l’œuvre poétique et picturale. De ce point de vue, ce « petit rien » devient, à bien y regarder, le point d'ancrage de la signifiance, l'espace faussement futile d'une émergence, la zone secrète de la sécrétion du sens où s'élabore une logique insistante donnant à l’œuvre toute sa densité. Ainsi le lièvre minuscule – presque imperceptible – détale-t-il devant la locomotive dévorante du célèbre tableau de Turner (Rain, Steam and Speed), alors que le faisan (cock-pheasant en anglais...) – dont une seule plume reste visible – s'absente mystérieusement des genoux de la castratrice Mrs Andrews dans la toile inachevée de Gainsborough (Mr and Mrs Andrews). Dans ces deux cas, loin d'être anecdotique, la valeur du détail est matricielle. De la même manière, et parmi de nombreux autres exemples, les chevilles enflées de Simon Lee – détail grossier mais extraordinairement grossi (voir les nombreuses répétitions) du poème éponyme de Wordsworth – délivrent l'essence même de l'esthétique du romantique, tandis que le vers ajouté par Tennyson à son sonnet « The Kraken » (vers lui-même excédentaire d'un pied) révèle la prégnance d'un désir indicible qui s'incarne dans la langue sous la forme d'une broutille métrico-linguistique. Abolis bibelots d'inanité sonore et visuelle (dira-t-on pour emprunter en l'adaptant sa belle formule à Mallarmé), ces détails informent ainsi les œuvres dont ils représentent peut-être la clé. Mettre au jour les implications historiques, esthétiques, philosophiques ou psychanalytiques des grandes œuvres poétiques et picturales du monde anglophone : telle sera l'ambition de ce séminaire au cours duquel, paradoxalement, l'insignifiant présidera à l'élaboration du sens.
Contact : sebastien.scarpauniv-grenoble-alpes.fr
Le séminaire est ouvert à tous.
Date
Le 26 octobre 2018
Complément date
de 13h30 à 15h30
Amphi 9, Bâtiment Stendhal, Campus de Saint-Martin-d'Hères
Amphi 9, Bâtiment Stendhal, Campus de Saint-Martin-d'Hères
Localisation
Saint-Martin-d'Hères - Domaine universitaire
Complément lieu
Amphi 9
Bâtiment Stendhal
Campus de Saint-Martin-d'Hères
Bâtiment Stendhal
Campus de Saint-Martin-d'Hères
Contact
Sébastien Scarpa
sebastien.scarpa [at] univ-grenoble-alpes.fr
à télécharger
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