Résistance, adaptation et contournement en Russie, dans les aires russophones et l’espace postsoviétique : formes, stratégies, acteurs et pratiques

 

Objet de recherche difficile à circonscrire et à libérer de ses résonances politiques, la définition de la résistance continue d’alimenter les débats dans différents milieux scientifiques. Guérillas, révoltes, oppositions, dissidences, clandestinités, subversions, désobéissances, mais aussi distanciations, refus de participer, sabotages passifs, contre-cultures, doubles discours : en fonction des situations historiques ou géopolitiques, des références théoriques, des disciplines, le répertoire des pratiques et des acteurs de la résistance a été élargi, au point que la notion a pu sembler perdre toute cohérence.

Pourtant, aussi controversée que soit la résistance comme objet et comme concept des sciences humaines et sociales, il semble important de l'appréhender, tant est fondamentale sa place dans les pratiques, imaginaires et conceptions contemporaines des sociétés et de leurs histoires. Les différents aspects de la résistance, mais aussi de l’adaptation, aux contraintes, aux transformations brutales, aux oppressions ou encore à la tyrannie et à l’injustice s’inscrivent dans la dynamique des interactions sociales et deviennent particulièrement récurrents à mesure de l’accroissement des tensions nationales ou internationales.

Loin d’imposer une définition étroite de la résistance, ce colloque se propose d’offrir un espace de discussion et d’échange international et interdisciplinaire, qui permette de confronter la pluralité des points de vue et interrogations, artistiques, mais aussi sociales, politiques, mémorielles.

Le colloque accueillera des contributions apportant un éclairage sur ces questions dans les domaines scientifiques les plus variés : littérature, théâtre, sociologie, histoire, politique, linguistique, analyse du discours. Les contributions permettront de mettre en lumière diverses formes de résistance et d’adaptation en Russie et au-delà de ses frontières, depuis les années 2000 jusqu’à nos jours.

Quelques pistes de réflexion sont proposées pour les participants :
● La diversité des pratiques de résistance et des répertoires d’actions ; la façon dont leurs acteurs les conçoivent; la résistance comme action militante, avec ses différentes formes et localisations, leurs modalités, circulations et limites ;
● Les acteurs résistants, leurs positions, ressources et horizons d’action ; le rôle, changeant selon les situations, des appartenances sociales, religieuses, nationales, militantes, professionnelles, familiales, genrées, dans les expériences de résistance et leur perception ; mouvements féministes ;
● Les stratégies individuelles ou collectives de résistance ou d’adaptation des acteurs de divers milieux (académiques, artistiques, littéraires); la censure et l’autocensure en littérature et les stratégies éditoriales ; les nouvelles approches critiques et les nouveaux regards sur la littérature russophone contemporaine en Russie ou dans l’exil ;
● La résistance par la création et les formes artistiques (littérature, poésie, street-art, théâtre, cinéma) ; points de résistance à la dé/construction du narratif ; résistance à l’oubli, (dé)construction de la mémoire et pluralité des mémoires, post-mémoire ; l’écriture féminine face à la masculinité ;
● La résistance/adaptation par la langue et le discours; médias indépendants russophones face à la propagande d’Etat et au discours dominant dans l’espace public et dans l’espace numérique en particulier ;
● Les espaces de la résistance, notamment la construction de marges, spatiales, sociales, politiques, esthétiques, économiques, et les liens entre marginalité et résistance.

Date de remise des propositions de communication : 4 décembre 2023

Les propositions de communication peuvent être soumises en français ou en anglais (500 mots, notice biographique avec rattachement institutionnel du participant). Elles sont à envoyer à l’adresse suivante : ilcea4-colloques-resistances-2024univ-grenoble-alpes.fr
Les propositions seront examinées par les membres du comité scientifique et validées avant le 15 janvier 2024.

Valéry Kossov (UGA, ILCEA4), Kateryna Tarasiuk (Université de Strasbourg, ILCEA4), Daria Terebikhina-Noël (UGA, ILCEA4), Laure Thibonnier (UGA, ILCEA4)