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Appel à propositions, Colloque / Recherche
Du 15 novembre 2021 au 17 décembre 2021
Saint-Martin-d'Hères - Domaine universitaire
Colloque international organisé les 1, 2 et 3 juin 2022 à l'Université Grenoble Alpes.
« Le nationalisme, c’est la guerre » déclara en 1995 François Mitterrand, à l’issue d'un long discours de présentation des objectifs de la présidence française de l'Union européenne au premier semestre 1995. Prononcée dans un contexte d’intégration européenne, puis reprise depuis par de nombreux hommes politiques français, dont François Hollande et plus récemment Emmanuel Macron, en réaction à la montée de l’extrême droite, cette association entre nationalisme et guerre doit, en Occident, se comprendre comme la conséquence directe des deux conflits mondiaux qu’a connu le XXe siècle. Parce qu’il a inspiré les régimes militaires que l’on sait en Allemagne, en Italie et au Japon, le nationalisme a longtemps été discrédité par toute une génération, contemporaine, de près ou de loin, depuis la Deuxième Guerre mondiale.
Or, non seulement le nationalisme ne représente-t-il plus le même tabou pour les nouvelles générations, mais la montée en puissance des partis d’extrême droite et des mouvements populistes ces dix dernières années semble témoigner d’un retour en force de cette idéologie, d’autant plus flagrante qu’elle coïncide avec le déclin des partis traditionnels autour desquels s’était construit l’échiquier politique depuis plus de cinquante ans dans de nombreux pays occidentaux.
Pour autant, le nationalisme auquel nous assistons aujourd’hui n’est pas celui des années 1930 et il revêt différentes formes, à différentes échelles, régionales et nationales qu’il nous semble pertinent d’essayer de comprendre et de définir, dans ses multiples acceptions, d’un contexte politique et culturel à un autre.
Cadre historique
Présenté comme « l’une des forces politiques les plus puissantes du XXe siècle », le nationalisme est une donnée géopolitique qui permet d’appréhender de nombreuses situations, voire de nombreux conflits dans le monde actuel (Heater & Berridge, 2016). Il a en effet conduit à nombre de reconfigurations de l’espace politique suite aux deux Guerres mondiales et à la Guerre Froide (Brubaker, 1996-4).
Né en Europe avec « Le Printemps des peuples » de 1848, le nationalisme a été attisé par le Congrès de Vienne (1814-15) qui avait choisi d’ignorer les aspirations libérales et nationales des peuples. En Italie, Belgique, Irlande Grèce, Hongrie, Pologne et Hongrie, le rejet de gouvernement par des dynasties étrangères se développe et prend la forme d’une agitation nationaliste sous des formes plus ou moins violentes. Giuseppe Mazzini, en Italie, est une figure-clef de ce mouvement tandis que John Stuart Mill (1861) et Ernest Renan (« Qu’est-ce qu’une nation », 1882) vont, quelques années plus tard, tenter de théoriser la question de ce qui constitue une nation.
Les États-nations ont par la suite construit les nations – des groupes de personnes partageant un attachement commun – correspondant à cet État à partir d’une idéologie nationaliste ayant pour but de justifier l’existence de cette nation (Gellner, Hobsbawn & Thiesse, 1999). Ils constituent non seulement le maillage du monde mais également son principe organisateur ainsi que la base des relations internationales (Rosière, 2020 ; Reece, 2016).
Au début du XXIe siècle, période à laquelle nous proposons de nous intéresser, les États-nations se trouvent confrontés à une série de défis sociaux et économiques dans un contexte d’érosion des identités et d'interconnexion culturelle créées par la mondialisation. Ils voient leurs pouvoirs souverains s'éroder et se transforment, ou craignent de se transformer, en États « post-nationaux » (Habemas, 2000) tandis que l'espace politique qu'ils gouvernent ne correspond plus à l'espace socio-économique qui, lui, transcende les frontières nationales. L’euroscepticisme, la méfiance à l’égard de l'immigration et, aux États-Unis, le rejet du multilatéralisme et le retour du protectionnisme donnent ainsi naissance à un retour du nationalisme, souvent sous une forme agressive, nativiste et populiste.
Pendant ce temps, d’autres phénomènes viennent à leur tour alimenter les nationalismes régionaux, pour lesquels l’association à l’extrême droite ne fonctionne plus puisqu’ils sont transversaux politiquement dans des sociétés telles que la Catalogne, l’Écosse, le Pays basque, la Flandre, le Québec... L’intégration européenne puis, plus brutalement, le Brexit, l'épidémie de la Covid-19 ainsi que les processus indépendantistes écossais et catalan ont été autant d’éléments déterminants dans la remise en cause des États-nations en provenance des nations sans État qui, constatant l’échec (relatif ou subjectif) des États plurinationaux, décident de lutter politiquement pour l’avènement d’un nouvel État.
Nous assistons donc à un nationalisme à plusieurs niveaux : un nationalisme d’État – parfois inconscient, celui que d’aucuns nomment le « nationalisme banal » – et un nationalisme régional qui remet en cause les frontières des États-nations pour doter certaines nations culturelles – ou nations sans État – d’un État propre.
Considérations théoriques
Que la nation soit vue comme facteur de différenciation (Bekus, 2010) ou comme « communauté imaginée » (Anderson, 1993), le lien qui unit les membres d’une même nation fait débat parmi les scientifiques. Certains mettent en avant des interprétations ethnoculturelles, d’une part, définissant le fondement de la nation à partir de caractéristiques objectives telles que la culture, la langue, l’histoire ou encore l’idéologie (Adams in Bekus, 2010). D’autres proposent des interprétations modernistes, d’autre part, qui voient la nation comme un construit conscient, ancré dans le présent, indépendant du passé (Bekus, 2010). Les disciplines ont aussi leur propre approche avec, d’un côté, les historiens qui analysent le nationalisme comme force politique et, de l’autre, les ethnologues qui l’envisagent davantage autour de la notion d’ethnicité (Löfgren in Martigny, 2010).
En outre, le nationalisme interroge les frontières, présentées par Michel Foucher comme un dispositif central dans la fabrication des nations (Foucher, 2012). Parce qu’il doit avoir une base géographique – en faisant coïncider un État, une nation et un territoire (Kassem, 2012 ; Foucher, 1991) – le modèle de l’État-nation a émergé en même temps que le concept de frontière. Mieux, la frontière a été le levier territorial pour légitimer les États-nations puis elle a été instrumentalisée pour renforcer le sentiment national. La frontière étant « l’enveloppe de la nation » (Foucher) mais aussi un « marqueur d’identité » (Piermay, 2005), il convient de réfléchir sur ce lien entre État, nation et frontière.
Le nationalisme est également un phénomène protéiforme : qu’il soit inclusif ou exclusif, ethnique ou civique, pro-État ou anti-État (Kassem et al, 2012), chaque mouvement, selon ses revendications, ses modalités et ses fondements, s’inscrit de façon différente dans ces catégories. Chronologiquement, la situation est différente entre le nationalisme qui a résulté de la « nationalisation de l’espace politique » et le nationalisme qui l’a engendré (Brubaker, 1996). In fine, ces notions sont-elles toujours d’actualité ? Des formes de « néo-nationalisme » sont-elles apparues ?
Objectifs
Parce que le nationalisme a émergé d’abord en Europe avant d’être « exporté » dans le Nouveau Monde par le biais du modèle de l’État-nation et dans un contexte de colonisation, ce colloque souhaite aborder le phénomène de façon comparatiste.
Tout d’abord, l’Europe se retrouve aux prises avec des forces antithétiques : entre la volonté de construction d’une entité supranationale qui viendrait supplanter les États-nations ou États multinationaux, l’éclosion de souverainismes à l’échelle de ces derniers en réponse à l’intégration européenne mais aussi l’émergence de nationalismes régionaux qui demandent à créer leur propre État – Catalogne, Écosse, Flandre…. Est-ce le signe d’une Europe en crise ? Quel sens doit-on donner à ces mouvements nationalistes ?
Par ailleurs, tous les pays européens n’ont pas adhéré au modèle d’État-nation. Le Royaume-Uni, comme la Belgique sont des États multinationaux – ou plurinationaux – composés de plusieurs nations, définies par Stéphane Pierré-Caps comme des « communautés différentes, chacune ayant conscience de sa spécificité et manifestant le désir de la conserver » (Pierré-Caps, 1995). De fait, c’est à la même époque, dans les années 1980, que l’on a pu assister parallèlement à une montée de l’euroscepticisme et au réveil des nationalismes au sein des pays (revendication des nationalistes écossais : un État-Nation). Si certaines entités souhaitent constituer un État sur la base d’un mouvement nationaliste, n’est-ce pas la preuve que l’État-nation a encore de beaux jours devant lui ? L’Union Européenne pourrait-elle devenir une union d’États-nations ? L’éventuel salut européen qui viendrait des nations sans État n’est-il pas basé sur une incompatibilité fondamentale entre les deux ?
Les Amériques ont, quant à elles, adopté le modèle de l’État-nation en décalage, dans un contexte de décolonisation, par le biais de processus plus ou moins violents selon les pays. De la même façon, elles ont suivi le modèle de l’intégration européenne, en mettant en place des accords régionaux tels que l’ALENA, le MERCOSUR ou le CARICOM. Ces tentatives d’intégration régionale se heurtent toutefois à des obstacles de taille, notamment le refus des États d’abandonner une indépendance nationale qu’ils considèrent comme chèrement acquise. Par conséquent, ces accords sont davantage des accords commerciaux, sans ambition supranationale qui promeuvent une intégration davantage fonctionnelle qu’institutionnelle (Sohn et al, 2007).
Aussi, le nationalisme a été lié à une époque très récente aux mouvements indigénistes ou indianistes. À titre d’exemple, la Bolivie, qui est un État plurinational se trouve aux prises de revendications identitaires et territoriales de la part de peuples « originels » que les gouvernements considèrent le plus souvent comme des populations qui occupent un territoire. Le nationalisme latino-américain est aussi à analyser dans le cadre de luttes entre les autorités politiques et les communautés indigènes, qui ont été les premières victimes de ce nationalisme colonial à travers la spoliation des terres et de déforestation consécutive dont on a beaucoup parlé au Brésil à titre d’exemple…
Enfin, que ce soit l’État qui insuffle et construit le nationalisme par un ralliement autour de symboles et de principes, ou bien les partis politiques qui le mobilisent, ou encore la société civile qui l’anime et le façonne, le nationalisme est le fruit de certains acteurs qui produisent un discours particulier – récit national ou programmes politiques – ayant pour but de mobiliser les individus autour de ce « lien » qui unit la nation.
Ce sont ces questions portant sur les différentes formes de nationalismes qui marquent ce début du XXIe siècle que le présent colloque souhaite explorer en les structurant autour des axes suivants :
- Un premier axe examinera le lien qui existe entre nationalisme et populisme. Les mouvements populistes qui se sont multipliés en Europe et dans les Amériques instrumentalisent le nationalisme « traditionnel » ou « ordinaire » à travers un discours anti-immigration et pro-souveraineté. Toute proposition sur la relation qui existe entre nationalisme et immigration ou nationalisme et souveraineté est pertinente pour notre réflexion. Comment le nationalisme est mis au service d’un discours populiste promouvant le repli sur soi ? Quelle vision de la nation est mise en avant ? Quelle est la place pour les nouveaux arrivants dans le projet national ? Les discours qui émergent en Europe et dans les Amériques sont-ils similaires ?
Or, non seulement le nationalisme ne représente-t-il plus le même tabou pour les nouvelles générations, mais la montée en puissance des partis d’extrême droite et des mouvements populistes ces dix dernières années semble témoigner d’un retour en force de cette idéologie, d’autant plus flagrante qu’elle coïncide avec le déclin des partis traditionnels autour desquels s’était construit l’échiquier politique depuis plus de cinquante ans dans de nombreux pays occidentaux.
Pour autant, le nationalisme auquel nous assistons aujourd’hui n’est pas celui des années 1930 et il revêt différentes formes, à différentes échelles, régionales et nationales qu’il nous semble pertinent d’essayer de comprendre et de définir, dans ses multiples acceptions, d’un contexte politique et culturel à un autre.
Cadre historique
Présenté comme « l’une des forces politiques les plus puissantes du XXe siècle », le nationalisme est une donnée géopolitique qui permet d’appréhender de nombreuses situations, voire de nombreux conflits dans le monde actuel (Heater & Berridge, 2016). Il a en effet conduit à nombre de reconfigurations de l’espace politique suite aux deux Guerres mondiales et à la Guerre Froide (Brubaker, 1996-4).
Né en Europe avec « Le Printemps des peuples » de 1848, le nationalisme a été attisé par le Congrès de Vienne (1814-15) qui avait choisi d’ignorer les aspirations libérales et nationales des peuples. En Italie, Belgique, Irlande Grèce, Hongrie, Pologne et Hongrie, le rejet de gouvernement par des dynasties étrangères se développe et prend la forme d’une agitation nationaliste sous des formes plus ou moins violentes. Giuseppe Mazzini, en Italie, est une figure-clef de ce mouvement tandis que John Stuart Mill (1861) et Ernest Renan (« Qu’est-ce qu’une nation », 1882) vont, quelques années plus tard, tenter de théoriser la question de ce qui constitue une nation.
Les États-nations ont par la suite construit les nations – des groupes de personnes partageant un attachement commun – correspondant à cet État à partir d’une idéologie nationaliste ayant pour but de justifier l’existence de cette nation (Gellner, Hobsbawn & Thiesse, 1999). Ils constituent non seulement le maillage du monde mais également son principe organisateur ainsi que la base des relations internationales (Rosière, 2020 ; Reece, 2016).
Au début du XXIe siècle, période à laquelle nous proposons de nous intéresser, les États-nations se trouvent confrontés à une série de défis sociaux et économiques dans un contexte d’érosion des identités et d'interconnexion culturelle créées par la mondialisation. Ils voient leurs pouvoirs souverains s'éroder et se transforment, ou craignent de se transformer, en États « post-nationaux » (Habemas, 2000) tandis que l'espace politique qu'ils gouvernent ne correspond plus à l'espace socio-économique qui, lui, transcende les frontières nationales. L’euroscepticisme, la méfiance à l’égard de l'immigration et, aux États-Unis, le rejet du multilatéralisme et le retour du protectionnisme donnent ainsi naissance à un retour du nationalisme, souvent sous une forme agressive, nativiste et populiste.
Pendant ce temps, d’autres phénomènes viennent à leur tour alimenter les nationalismes régionaux, pour lesquels l’association à l’extrême droite ne fonctionne plus puisqu’ils sont transversaux politiquement dans des sociétés telles que la Catalogne, l’Écosse, le Pays basque, la Flandre, le Québec... L’intégration européenne puis, plus brutalement, le Brexit, l'épidémie de la Covid-19 ainsi que les processus indépendantistes écossais et catalan ont été autant d’éléments déterminants dans la remise en cause des États-nations en provenance des nations sans État qui, constatant l’échec (relatif ou subjectif) des États plurinationaux, décident de lutter politiquement pour l’avènement d’un nouvel État.
Nous assistons donc à un nationalisme à plusieurs niveaux : un nationalisme d’État – parfois inconscient, celui que d’aucuns nomment le « nationalisme banal » – et un nationalisme régional qui remet en cause les frontières des États-nations pour doter certaines nations culturelles – ou nations sans État – d’un État propre.
Considérations théoriques
Que la nation soit vue comme facteur de différenciation (Bekus, 2010) ou comme « communauté imaginée » (Anderson, 1993), le lien qui unit les membres d’une même nation fait débat parmi les scientifiques. Certains mettent en avant des interprétations ethnoculturelles, d’une part, définissant le fondement de la nation à partir de caractéristiques objectives telles que la culture, la langue, l’histoire ou encore l’idéologie (Adams in Bekus, 2010). D’autres proposent des interprétations modernistes, d’autre part, qui voient la nation comme un construit conscient, ancré dans le présent, indépendant du passé (Bekus, 2010). Les disciplines ont aussi leur propre approche avec, d’un côté, les historiens qui analysent le nationalisme comme force politique et, de l’autre, les ethnologues qui l’envisagent davantage autour de la notion d’ethnicité (Löfgren in Martigny, 2010).
En outre, le nationalisme interroge les frontières, présentées par Michel Foucher comme un dispositif central dans la fabrication des nations (Foucher, 2012). Parce qu’il doit avoir une base géographique – en faisant coïncider un État, une nation et un territoire (Kassem, 2012 ; Foucher, 1991) – le modèle de l’État-nation a émergé en même temps que le concept de frontière. Mieux, la frontière a été le levier territorial pour légitimer les États-nations puis elle a été instrumentalisée pour renforcer le sentiment national. La frontière étant « l’enveloppe de la nation » (Foucher) mais aussi un « marqueur d’identité » (Piermay, 2005), il convient de réfléchir sur ce lien entre État, nation et frontière.
Le nationalisme est également un phénomène protéiforme : qu’il soit inclusif ou exclusif, ethnique ou civique, pro-État ou anti-État (Kassem et al, 2012), chaque mouvement, selon ses revendications, ses modalités et ses fondements, s’inscrit de façon différente dans ces catégories. Chronologiquement, la situation est différente entre le nationalisme qui a résulté de la « nationalisation de l’espace politique » et le nationalisme qui l’a engendré (Brubaker, 1996). In fine, ces notions sont-elles toujours d’actualité ? Des formes de « néo-nationalisme » sont-elles apparues ?
Objectifs
Parce que le nationalisme a émergé d’abord en Europe avant d’être « exporté » dans le Nouveau Monde par le biais du modèle de l’État-nation et dans un contexte de colonisation, ce colloque souhaite aborder le phénomène de façon comparatiste.
Tout d’abord, l’Europe se retrouve aux prises avec des forces antithétiques : entre la volonté de construction d’une entité supranationale qui viendrait supplanter les États-nations ou États multinationaux, l’éclosion de souverainismes à l’échelle de ces derniers en réponse à l’intégration européenne mais aussi l’émergence de nationalismes régionaux qui demandent à créer leur propre État – Catalogne, Écosse, Flandre…. Est-ce le signe d’une Europe en crise ? Quel sens doit-on donner à ces mouvements nationalistes ?
Par ailleurs, tous les pays européens n’ont pas adhéré au modèle d’État-nation. Le Royaume-Uni, comme la Belgique sont des États multinationaux – ou plurinationaux – composés de plusieurs nations, définies par Stéphane Pierré-Caps comme des « communautés différentes, chacune ayant conscience de sa spécificité et manifestant le désir de la conserver » (Pierré-Caps, 1995). De fait, c’est à la même époque, dans les années 1980, que l’on a pu assister parallèlement à une montée de l’euroscepticisme et au réveil des nationalismes au sein des pays (revendication des nationalistes écossais : un État-Nation). Si certaines entités souhaitent constituer un État sur la base d’un mouvement nationaliste, n’est-ce pas la preuve que l’État-nation a encore de beaux jours devant lui ? L’Union Européenne pourrait-elle devenir une union d’États-nations ? L’éventuel salut européen qui viendrait des nations sans État n’est-il pas basé sur une incompatibilité fondamentale entre les deux ?
Les Amériques ont, quant à elles, adopté le modèle de l’État-nation en décalage, dans un contexte de décolonisation, par le biais de processus plus ou moins violents selon les pays. De la même façon, elles ont suivi le modèle de l’intégration européenne, en mettant en place des accords régionaux tels que l’ALENA, le MERCOSUR ou le CARICOM. Ces tentatives d’intégration régionale se heurtent toutefois à des obstacles de taille, notamment le refus des États d’abandonner une indépendance nationale qu’ils considèrent comme chèrement acquise. Par conséquent, ces accords sont davantage des accords commerciaux, sans ambition supranationale qui promeuvent une intégration davantage fonctionnelle qu’institutionnelle (Sohn et al, 2007).
Aussi, le nationalisme a été lié à une époque très récente aux mouvements indigénistes ou indianistes. À titre d’exemple, la Bolivie, qui est un État plurinational se trouve aux prises de revendications identitaires et territoriales de la part de peuples « originels » que les gouvernements considèrent le plus souvent comme des populations qui occupent un territoire. Le nationalisme latino-américain est aussi à analyser dans le cadre de luttes entre les autorités politiques et les communautés indigènes, qui ont été les premières victimes de ce nationalisme colonial à travers la spoliation des terres et de déforestation consécutive dont on a beaucoup parlé au Brésil à titre d’exemple…
Enfin, que ce soit l’État qui insuffle et construit le nationalisme par un ralliement autour de symboles et de principes, ou bien les partis politiques qui le mobilisent, ou encore la société civile qui l’anime et le façonne, le nationalisme est le fruit de certains acteurs qui produisent un discours particulier – récit national ou programmes politiques – ayant pour but de mobiliser les individus autour de ce « lien » qui unit la nation.
Ce sont ces questions portant sur les différentes formes de nationalismes qui marquent ce début du XXIe siècle que le présent colloque souhaite explorer en les structurant autour des axes suivants :
- Un premier axe examinera le lien qui existe entre nationalisme et populisme. Les mouvements populistes qui se sont multipliés en Europe et dans les Amériques instrumentalisent le nationalisme « traditionnel » ou « ordinaire » à travers un discours anti-immigration et pro-souveraineté. Toute proposition sur la relation qui existe entre nationalisme et immigration ou nationalisme et souveraineté est pertinente pour notre réflexion. Comment le nationalisme est mis au service d’un discours populiste promouvant le repli sur soi ? Quelle vision de la nation est mise en avant ? Quelle est la place pour les nouveaux arrivants dans le projet national ? Les discours qui émergent en Europe et dans les Amériques sont-ils similaires ?
- Un second axe s’intéressera à l’opposition qui existe entre nationalisme régional et nationalisme d’État. Celui-ci pourra aborder le sujet sous différents angles :
- Tout d’abord, les propositions analysant la spécificité des mouvements nationalistes régionaux et de leurs revendications en ce début de XXIe siècle seront privilégiées. Ces mouvements résultent-ils d’un problème politique entre l’État central et une région ou bien s’agit-il plutôt d'un problème de cohésion sociale (et « nationale ») interne à la région ? Le sentiment d’appartenance régionale – perçue comme « nationale », d'où un problème de définition – est-il compatible ou non avec l’appartenance nationale (de l’État-nation).
- Par ailleurs, lorsque l’on sait que des indépendantistes québécois, basques, catalans, corses ou encore flamands se sont rendus en 2014 en Écosse pour assister au déroulement du référendum d’indépendance, on pourra également étudier l’existence de liens de solidarité transnationale entre certains mouvements nationalistes, notamment entre l’Europe et les Amériques, à l'heure où le Scottish National Party remporte haut la main les élections (2021) et demande l'organisation d'un nouveau référendum sans être entendu.
- Enfin, quand on sait le rôle que les langues ont joué dans la construction des nationalismes (Brunet-Jailly, 2017), les propositions qui examineront la façon dont les langues ont été mises au service du nationalisme au XXIe siècle seront également les bienvenues. On peut penser ici à l’importance accordée au gaélique et l’Ulster Scot dans les négociations préalables à la restauration d’une assemblée en Irlande du Nord en 2020, aux efforts menés par le gouvernement nationaliste écossais pour faire reconnaître le Scots comme langue (et non dialecte) nationale, mais les exemples abondent, ainsi la réforme actuelle de la Loi 101 au Québec portant sur la langue française. Le rôle du catalan et du basque dans les nationalismes correspondants est par ailleurs absolument fondamental en tant que définition nationale autour de la question linguistique. À l’inverse, en Amérique Latine, hormis le portugais, l’ensemble des pays partagent l’espagnol comme langue officielle même si le guaraní au Paraguay ou les langues pré-colombiennes en Bolivie sont désormais co-officielles. La langue construit-elle la nation ? La nation peut-elle être plurilingue ? Une même nation peut-elle être à cheval entre plusieurs États (et donc transfrontalière) ?
- Un troisième axe portera sur le nationalisme et la redéfinition des frontières dans un contexte de régionalisation et d’intégration que ce soit en Europe avec l’Union Européenne ou dans les Amériques avec les alliances régionales. Le projet européen marque-t-il le début de la crise de l’État-nation avec la perte de certains symboles nationaux (monnaie, frontières) ? L’Union européenne est-elle un espace de co-souverainetés ? Quelles relations l’Union européenne souhaite-t-elle instaurer entre les États-nations et les institutions supranationales ? La construction européenne mène-t-elle à l’avènement d’une identité européenne et, peut-être même d’une nation européenne ? La citoyenneté européenne est-elle concurrente de la citoyenneté nationale ? L’UE donne aussi un rôle et une voix aux régions des États-nations, actrices dans l’exécution des politiques européennes. L’État-nation (en Europe en tout cas) est-il toujours l’acteur idéal dans un XXIe siècle globalisé, mondialisé. L’UE a-t-elle cherché à affaiblir les États-nations ? L’Europe des régions a-t-elle été sérieusement envisagée comme alternative à l’Europe des États-nations ? En quoi le Brexit a-t-il pu être une mise en abyme pour les indépendantistes écossais ou catalans (Catalexit) ? Ces réflexions pourront également, dans une visée comparatiste, permettre d’examiner les liens qui structurent les États-Nations et les ensembles régionaux américains : l’ancien ALENA, le MERCOSUR, le Système d’Intégration Centraméricain ou encore CARICOM (la Communauté Caribéenne). Bien que moins aboutis que l’Union Européenne, ces ensembles véhiculent-ils une dimension identitaire qui remettrait en cause – ou qui viendrait en opposition – avec les identités nationales existantes. Enfin, qu’en est-il de ces ensembles régionaux à l’heure de la montée en force du populisme ?
Parce que le nationalisme est à la croisée des disciplines, ce colloque se veut à la fois transversal et transdisciplinaire, toutes les approches étant les bienvenues, qu’elles aient trait à la civilisation, la géographie, l’histoire, la science politique, les relations internationales, la sociologie, la linguistique, l’ethnologie, la psychologie… Les communicants sont également encouragés à adopter des méthodologies pluridisciplinaires et comparatistes afin de mettre en regard les pays européens et américains.
Lieu : Grenoble
Date : les 1, 2 et 3 juin 2022
Les propositions sont à envoyer avant le 17 décembre à l’adresse suivante : nationalismes.regardscroisesgmail.com (nationalismes[dot]regardscroises[at]gmail[dot]com)
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“Nationalisms in the 21st century: From Europe to the Americas” Symposium – Call For Papers
“Nationalism is war,” François Mitterrand declared in 1995, as a conclusion to a long speech setting out the objectives of the French presidency of the European Union. Uttered in a context of European integration, then taken up again since by many French politicians, including François Hollande and more recently Emmanuel Macron, in reaction to the rise of the extreme right, this association between nationalism and war must be understood in the West as the direct consequence of the two world wars that marked the 20th century. Because it inspired the military regimes that we know in Germany, Italy and Japan, nationalism has since then been discredited by a whole generation, born during or in the wake of WWII.
Not only does nationalism no longer seem to represent a taboo for the new generations, but the rise in power of extreme right-wing parties and populist movements over the last ten years also seems to point to a resurgence of this ideology −all the more flagrant as it coincides with the decline of the traditional political parties in many Western countries.
However, the nationalism we are witnessing today is not the same as that of the 1930s. It takes on different forms, at different regional and national levels, which it seems relevant to try to understand and define, in its multiple meanings, from one political and cultural context to another.
Historical framework
Presented as “one of the most powerful political forces of the twentieth century”, nationalism is a geopolitical fact that allows us to understand many situations and many conflicts in the world today (Heater & Berridge, 2016). Indeed, it has led to many reconfigurations of the political space following the two World Wars and the Cold War (Brubaker, 1996-4).
Born in Europe with the "People's Spring" of 1848, nationalism developed as a consequence of the Congress of Vienna (1814-15), which had chosen to ignore the liberal and national aspirations of the people. In Italy, Belgium, Ireland, Greece, Hungary and Poland, the rejection of government by foreign dynasties developed and took the form of nationalist agitation in more or less violent forms. Giuseppe Mazzini, in Italy, was a key figure in this movement, while John Stuart Mill (“Considerations on Representative Government”, 1861) and Ernest Renan (“What is a Nation?”, 1882), a few years later, attempted to theorize the question of what constitutes a nation.
The nation-states subsequently constructed nations −groups of people sharing a common attachment− corresponding to this state from a nationalist ideology aimed at justifying the existence of that same nation (Gellner, Hobsbawn & Thiesse, 1999). They not only constitute the organizing principles of the world but the basis of international relations as well (Rosière, 2020; Reece, 2016).
At the beginning of the 21st century −the period we propose to focus on, nation-states are facing a series of social and economic challenges in a context of eroding identities and cultural interconnection created by globalization. They see their sovereign powers eroding and are transforming, or fear they are transforming, into “post-national” states (Habemas, 2000) while the political space they govern no longer corresponds to the socio-economic space that transcends national borders. Euroscepticism, distrust of immigration and, in the United States, rejection of multilateralism and the return of protectionism are thus giving rise to a resurgence of nationalism, often in an aggressive, nativist and populist form.
Meanwhile, other phenomena are in turn fuelling regional nationalisms, for which the association with the far right no longer works since they are politically transversal in societies such as Catalonia, Scotland, the Basque Country, Flanders, Quebec... European integration then, more abruptly, Brexit, the Covid-19 epidemic, have all been determining elements in the questioning of nation-states from stateless nations which, because they have witnessed the − relative or subjective − failure of pluri-national states, are choosing to fight politically for their independence.
We are thus witnessing nationalism on several levels: state nationalism −sometimes unconscious, what some call “banal”, or “everyday nationalism”, and regional nationalism, which challenges the borders of nation-states in order to give to some cultural nations −or stateless nations− their own State.
Theoretical considerations
Whether a nation is seen as a differentiating factor (Bekus, 2010) or as an “imagined community” (Anderson, 1993), the bond that unites members of the same nation is a matter of debate among scholars. On the one hand, some emphasize ethnocultural interpretations, defining the basis of the nation from objective characteristics such as culture, language, history or ideology (Adams in Bekus, 2010). On the other hand, others offer modernist interpretations, which see the nation as a conscious construct, anchored in the present and independent of the past (Bekus, 2010). Disciplines also have their own approach with, on the one hand, historians, who analyze nationalism as a political force and, on the other hand, ethnologists, who tend to build it around the notion of ethnicity (Löfgren in Martigny, 2010).
Furthermore, nationalism questions borders, which are presented by Michel Foucher as a central device in the making of nations (Foucher 2012). Because it must have a geographical basis −a state, a nation, and a territory must coincide (Kassem, 2012; Foucher, 1991)− the nation-state model emerged along with the concept of border. Better yet, borders were the territorial levers to legitimize nation-states and were then instrumentalized to reinforce national sentiment. Since the border is “the envelope of the nation” (Foucher) but also a “marker of identity” (Piermay, 2005), it is appropriate to reflect on this link between state, nation and border.
Nationalism is also a shape-shifting phenomenon: whether it inclusive or exclusive, ethnic or civic, pro-state or anti-state (Kassem et al, 2012), each movement, depending on its claims, modalities, and founding principles, fits differently into these categories. Chronologically, there is a difference between the nationalism that has resulted from the “nationalization of the political space” and the nationalism that produced it (Brubaker, 1996). In the end, are these notions still relevant? Or have forms of “neo-nationalism” emerged?
Objectives
Because nationalism first emerged in Europe before being "exported" to the New World through the nation-state model and in a context of colonization, the phenomenon will be approached in a comparative manner.
First of all, Europe finds itself in the grip of antithetical forces: the desire to build a supranational entity that would supplant nation-states or multinational states, the emergence of sovereignism in response to European integration, but also the emergence of regional nationalisms that demand to create their own state - Catalonia, Scotland, Flanders.... Is this a sign of a Europe in crisis? What meaning should we give to these nationalist movements?
Moreover, not all European countries have adhered to the nation-state model. The United Kingdom, like Belgium, are multinational - or plurinational - states composed of several nations, defined by Stéphane Pierré-Caps as "different communities, each aware of its specificity and showing the desire to preserve it" (Pierré-Caps, 1995). In the 1980s, euroscepticism rose and nationalism became stronger within countries (e.g. the Scottish nationalists' demand for a nation-state). If some entities wish to form a state on the basis of a nationalist movement, is this not proof that the nation-state still has a bright future? Could the European Union become a union of nation-states? Isn't the possible European salvation that would come from stateless nations based on a fundamental incompatibility between the two?
The Americas, for their part, have adopted the nation-state model out of step, in a context of decolonization, through more or less violent processes depending on the country. In the same way, they have followed the model of European integration, setting up regional agreements such as NAFTA, MERCOSUR or CARICOM. However, these attempts at regional integration have faced significant obstacles, including the refusal of states to give up what they consider to be hard-won national independence. As a result, these agreements are more trade agreements, with no supranational ambitions, that promote more functional than institutional integration (Sohn et al, 2007).
Also, nationalism has been linked to indigenous or indianist movements in very recent times. For example, Bolivia, which is a plurinational state, has been confronted with identity and territorial claims by "native" peoples, which the government has usually considered as populations occupying a territory. Latin American nationalism is also to be analyzed in the context of struggles between political authorities and indigenous communities, who were the first victims of this colonial nationalism through the spoliation of land and the consequent deforestation that has been much discussed in Brazil for example...
Finally, whether it is the state, political parties or civil society that instills and builds nationalism by rallying around symbols and principles, nationalism is the fruit of certain actors who produce a particular discourse - national narrative or political programs - whose aim is to mobilize individuals around this "connection" that unites the nation.
It is these questions concerning the different forms of nationalism that mark the beginning of the 21st century that this conference wishes to explore by structuring them around the following axes:
- The first axis will examine the link between nationalism and populism. The populist movements that have multiplied in Europe and in the Americas instrumentalize "traditional" or "ordinary" nationalism through an anti-immigration and pro-sovereignty discourse. Any proposal on the relationship between nationalism and immigration or nationalism and sovereignty is relevant to our reflection. How can nationalism be instrumentalized by populist discourses promoting withdrawal? What vision of the nation is put forward? What is the place for newcomers in the national project? Are the discourses that are emerging in Europe and in the Americas similar?
- A second axis will focus on the opposition between regional nationalism and state nationalism. It will be able to approach the subject from different angles:
- First of all, proposals analyzing the specificity of regional nationalist movements and their claims at the beginning of the 21st century will be privileged. Are these movements the result of a political problem between the central state and a region or is it rather a problem of social (and "national") cohesion within the region? Is the sense of regional belonging - perceived as "national", hence a problem of definition - compatible or not with the national belonging (of the nation-state).
- Moreover, when we know that Quebec, Basque, Catalan, Corsican or Flemish independentists went to Scotland in 2014 to attend the independence referendum, we can also study the existence of transnational solidarity links between certain nationalist movements, particularly between Europe and the Americas, at a time when the Scottish National Party has won the elections (2021) by a landslide and is unsuccessfully calling for a new referendum.
- Finally, when we know the role that languages have played in the construction of nationalisms (Brunet-Jailly 2017), proposals that will examine the way in which languages have been put at the service of nationalism in the 21st century will also be welcome. One might think here of the importance given to Gaelic and Ulster Scot in the negotiations prior to the restoration of an assembly in Northern Ireland in 2020, the efforts of the Scottish nationalist government to have Scots recognized as a national language (not dialect), but examples abound, such as the current reform of Bill 101 in Quebec dealing with the French language. The role of Catalan and Basque in the corresponding nationalisms is also absolutely fundamental as a national definition around the language question. On the other hand, in Latin America, apart from Portuguese, all the countries share Spanish as an official language, even if Guaraní in Paraguay or the pre-Colombian languages in Bolivia are now co-official. Does language build the nation? Can a nation be multilingual? Can the same nation straddle several states (and therefore be transborder)?
- A third axis will focus on nationalism and the redefinition of borders in a context of regionalization and integration, whether in Europe with the European Union or in the Americas with regional alliances. Does the European project mark the beginning of the crisis of the nation-state with the loss of certain national symbols (currency, borders)? Is the European Union a space of co-sovereignty? What relations does the European Union wish to establish between the nation-states and the supranational institutions? Does the European construction lead to the advent of a European identity and perhaps even a European nation? Does European citizenship compete with national citizenship? The EU also gives a role and a voice to the regions of the nation-states, as actors in the implementation of European policies. Is the nation-state (in Europe at least) still the ideal actor in a globalized 21st century? Has the EU sought to weaken the nation-states? Has a Europe of regions been seriously considered as an alternative to a Europe of nation-states? In what way could Brexit be a mise en abyme for the Scottish or Catalan independentists (Catalexit)? These reflections could also, from a comparative point of view, make it possible to examine the links that structure the nation-states and the American regional groupings: the former NAFTA, MERCOSUR, the Central American Integration System or CARICOM (the Caribbean Community). Although less accomplished than the European Union, do these groupings convey an identity dimension that would challenge - or be in opposition to - existing national identities? Finally, what xill become of these regional groupings at a time when populism is on the rise?
Because nationalism is at the crossroads of disciplines, this conference aims to be both transversal and transdisciplinary. All approaches are welcome, whether they relate to civilization, geography, history, political science, international relations, sociology, linguistics, ethnology, psychology... The presenters are also encouraged to adopt multidisciplinary and comparative methodologies in order to compare European and American countries.
Location: Grenoble
Date: 1-3 June 2022
Proposals should be sent before December 17 to the following address: nationalismes.regardscroisesgmail.com (nationalismes[dot]regardscroises[at]gmail[dot]com)
Partenaires
Université Toulouse 1 Capitole
Laboratoire CAS
Institut des Amériques
Laboratoire CAS
Institut des Amériques
Date
Du 15 novembre 2021 au 17 décembre 2021
Localisation
Saint-Martin-d'Hères - Domaine universitaire
Contact
nationalismes.regardscroises [at] gmail.com
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