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Décoloniser la matière : (penser) "lo popular" en l'Amérique latine au croisement de l'exotisme de l'époque moderne et de sa culture matérielle

Séminaire / Recherche

Le 10 mai 2022

Saint-Martin-d'Hères - Domaine universitaire

Slaves cutting, 19th century lithography (describing a practice that started in the 18th century), Tropenmuseum/Amsterdam

Nouvelle séance du séminaire CERHIS "Expressions et représentations du Peuple dans le monde hispanique XVI-XXIe siècles".

L'exotisme dans les arts à l'époque moderne est un résultat direct du colonialisme européen. Suite à la curiosité pour l'inconnu et pour le nouveau, entre autres, les matériaux exotiques furent utilisés de plus en plus dans la création artistique européenne. L'intérêt croissant dans tels artefacts, qui a connu son apogée aux XVIle et XVIlle siècles, impliquait que la recherche des matières premières aux colonies promettait des richesses. Ainsi, pour satisfaire la demande d'une clientèle européenne enthousiaste pour le gout exotique, aventuriers, marchands et entrepreneurs ont su exploiter des connaissances populaires de la population indigène pour identifier des marchandises prospectives. "Décoloniser la matière" dans cette conférence s'entend comme détournement du regard envers les meubles historiques vernis aux bois exotiques. Mais, au lieu de la fascination esthétique pour ces artefacts multicouleur aux surfaces hautement polies, on propose de regarder derrière les façades brillantes, qui servaient comme symboles de statut pour ses propriétaires, pour mettre l'accent sur des aspects souvent négligés: la découverte des matières brutes et l'exploitation des ressources naturelles ainsi que son impact sur la nature et les écologies humaines. À partir de ce point de vue, une histoire largement obscurcie se révèlerait; une histoire qui parle de bioprospecting et de piraterie au début de l'époque moderne. Ce récit montrera comment les Européens ont tiré parti des sociétés indigènes et de leur conception distincte de la vie, qui privilégiait les biens communs par rapport à la propriété individuelle, afin de promouvoir leurs propres objectifs précapitalistes et il contribuera ensuite à développer certaines réflexions sur la relation entre "el común" et "lo popular" dans le contexte colonial de l'époque moderne.

Tobias Locker est historien de l'art et chercheur associé au ILCEA4. Il a obtenu son doctorat à l'Université Technique de Berlin et a enseigné, entre autres, à l'Université de Liverpool (Royaume-Uni), à l'Université Saint Louis (campus de Madrid), à l'Université Pompeu Fabra (Barcelone) et à l'Université Grenoble Alpes. Ses recherches portent sur les arts décoratifs, avec un intérêt particulier pour le mobilier du baroque et du rococo historiques et leurs renaissances aux XIXe et XXe siècles, ainsi que sur l'histoire du design. Ils abordent l'histoire culturelle, matérielle et technique ainsi que les études décoloniales. Il a donné des conférences et publié sur ces sujets, notamment des textes tels qu'"A Prussian manufactory of gilt bronzes à la française (...)" (in: French Bronzes, London: Archetype, 2014), "El anhelo de Citera en el ocaso del Antiguo Régimen: la naturaleza en el arte del Rococó" (in: Naturalezas Mutantes, Vitoria-Gasteiz / Buenos Aires: Sans Soleil Ediciones 2017), "El resplendir neo-rococó en la creación de la(s) nación(es)" (in: Boletín e arte, n°19/2019) ou "Charles Ill et les cabinets de porcelaine de Portici, Aranjuez et Madrid : Transferts technologiques et artistiques dans le contexte méditerranéen" (in: e-Spania, n°41, 2022). Actuellement, il termine un livre sur le sculpteur d'ornements et décorateur Johann Melchior Kambly et son mobilier.

► Pour participer à distance (lien Zoom) :
https://univ-grenoble-alpes-fr.zoom.us/j/94860015302?pwd=cGQ0WVdmQ2FnUzFVL2JSRVp4SkY1UT09

ID de réunion : 948 6001 5302
Code secret : 293331

Date

Le 10 mai 2022
Complément date
à 15h00

Localisation

Saint-Martin-d'Hères - Domaine universitaire

Complément lieu
Salle G 209 (bâtiment Stendhal)
et à distance.

Contacts

Sonia Kerfa 
Tobias Locker

Publié le 29 avril 2022

Mis à jour le 3 mai 2022